Sosno, né à Marseille en 1937 d'un père estonien et d'une mère provençale, décédé prématurément en décembre 2013, est l'un des sculpteurs les plus originaux et les plus marquants de ces 50 dernières années et ce à plusieurs titres. D'abord, il est l'un des fondateurs en 1961 et l'un des théoriciens de l'Ecole de Nice, ensuite il est, en 1969, l'un des représentants de l'art sociologique et de l'art vidéo mais c'est à sa découverte de l'oblitération en tant que geste esthétique qu'il doit sa notoriété et son originalité lorsque, à son retour de deux années comme reporter-photographe sur les lieux de guerre ( Biafra, Bengladesh et Irlande du Nord ), il barre machinalement une photographie de presse d'un trait de feutre, s'apercevant alors de l'impact émotionnel ainsi créé. Jusqu'à sa mort,
inspiré par ce geste, il réalisera plus de 200 sculptures toutes plus surprenantes les unes que les autres. Au cœur de l'art contemporain, ami proche des grands peintres américains comme Roy Lichtenstein ou Jasper Johns, camarade de révolte d'Arman, César et Ben, anarchiste de cœur et d'esprit, il élabore une sculpture résolument tournée vers le spectateur. A chaque coup d'œil celui-ci se trouve interrogé, provoqué dans ses habitudes visuelles et mentales. En nous demandant de suspendre nos croyances conventionnelles et d'accepter ce qui est surprenant et différent, il nous donne une véritable leçon d'humanisme, toujours pleine d'humour et de puissance visionnaire. Il nous oblige à nous poser non seulement la question "Qu'est-ce que je vois?" mais aussi "Comment je vois?" et "Pourquoi je vois ainsi?"

Son intérêt pour l'autre, son souci de l'autre l'ont amené à développer une idée révolutionnaire, les sculptures habitées. L'œuvre n'est plus à voir, mais à vivre, elle n'est plus là-bas, loin de nous, mais nous sommes en elle. L'œuvre nous accueille en elle, au lieu de rester froidement un simple "amas de molécules". "L'œuvre doit faire le trottoir" s'amusait-il à dire ! La Tête Carrée de Nice ou le Bon Guetteur du Centre commercial Polygone de Cagnes-sur-Mer en sont les preuves vivantes. A Beuil, Sacha et son épouse Mascha avaient acquis une grange dans les années 80, où ils venaient hiver comme été et où il invitait amis journalistes, écrivains et philosophes. Sosno aimait Beuil et ses habitants, il aimait le calme de Bramafan où il se ressourçait, s'adonnait à l'écriture et élaborait ses divers projets. C'est donc à un citoyen adoptif de Beuil que nous rendrons hommage, mais aussi à un artiste aux 200 expositions (personnelles et collectives), dont les œuvres se trouvent dans plus de 20 pays au monde, dont les USA, la Corée et la Chine. Oui, un honneur pour notre village ! Seront exposés : photographies oblitérées (Biafra) - tableaux oblitérés
( décors d'opéra détournés) - 26 sculptures - lithographies - documents divers - photos personnelles.